
Nap Lajoie
Yves collectionne les cartes de baseball. Celles que l’on trouvait dans les paquets de chewing-gums de la Goudey Gum Company en 1933. Il vit seul, son travail ne le passionne pas, il n’est jamais allé aux États-Unis et n’a pas envie d’y aller.
Comme chaque samedi, Yves se rend au marché aux puces. Il suit un itinéraire peaufiné par vingt ans de brocante, inspecte les stands les uns après les autres, sait où poser les yeux et les mains. Soudain, au fond d’une boîte : Napoléon Larry Lajoie. Superbe état. Côte estimée : 27000 $. Il donne sa piécette au vendeur et rentre chez lui.
Yves passera le reste de la journée, sa soirée et une partie de la nuit assis à son bureau à contempler sa collection achevée. Après l’euphorie, il sentira la tristesse, le désespoir puis le vide s’immiscer en lui.
Un mois plus tard, on le retrouvera une batte à la main. Il passera les meilleurs moments de sa vie sur les terrains, les samedis, jours de match.

Le chaton
Paul a ramené un chaton chez lui. Il l’a trouvé, côtes apparentes, miaulant au coin de la rue. Comme il s’y attendait, Julia a hurlé dès leur entrée dans l’appartement : hors de question qu’un chat de gouttière vive avec eux. Il apprend que sa femme est allergique. Un accord est passé pour que le greffier reste dans le salon une nuit en échange de quoi Pierre s’engage à l’emmener à la SPA dès le lendemain matin. La nuit passe. Au réveil, le chat a disparu. Julia se sent mal et reste au lit. Elle se plaint d’une extrême fatigue et dort dix-huit heures par jour. Pierre cherche le chaton et s’inquiète pour sa femme. Trois jours après l’arrivée de la bête, Julia, toujours clouée au lit, éternue. Le chat apparait sur la couette.