exp. 004 : récit d’une bibliothèque

Couple in Maze ; Guy Billout ; 1941

Protocole :

1 : Tirer au sort un ouvrage de la bibliothèque choisie pour l’expérience (si possible une de celles qui n’est pas la vôtre : bibliothèque d’une amie, d’un amant, vice versa, municipale, bibliobus ou boîte à livre, etc.).
Pour ce faire, j’ai utilisé – assez modestement – un générateur aléatoire de nombres paramétré sur le nombre approximatif de livres que je pensais être présents la bibliothèque de cette maison bretonne. D’autres techniques, plus pointues, sont utilisables, notamment celles reposant sur la couleur des couvertures, les anagrammes du nom des auteurs et des autrices ou le grammage du papier.

2 : Tirer au sort une page du livre tiré au sort.
Même combat.

3 : Choisir sciemment une phrase dans la page tirée au sort du livre tiré au sort.

Répéter les trois étapes ci-dessus pendant une semaine en agençant, au fur et à mesure, mais sans obligation chronologique, les phrases (les modifications minimes sont autorisées), jusqu’à former un des récits que contenait secrètement la bibliothèque choisie pour l’expérience.

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dimanche 19 février : Blaise Cendrars ; J’ai saigné ; Mini Zoé ; page 12.
lundi 20 : Jeanne Bourin ; Les amoures blessées ; folio ; page 43.
mardi 21 : Zola ; La bête humaine ; Le Livre de Poche ; page 128.
mercredi 22 : Zola ; La Faute de l’abbé Mouret ; Garnier-Flammarion ; page 196.
jeudi 23 : Rebecca Lighieri ; Les garçons de l’été ; folio ; page 140.
vendredi 24 : Joseph Chardronnet ; Histoire de Bretagne ; Nouvelle Éditions Latines ; page 109.
samedi 25 : Balzac ; Eugénie Grandet ; Garnier-Flammarion ; page 37.

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« – T’es verni. »
C’est ainsi que commença notre première conversation. Elle, en effet, ayant toujours été très riche, se montrait d’un désintéressement absolu.
« – Je ne veux pas que tu cherches ni ta clairière, ni ton arbre, ni ton herbe où l’on meurt. »
Nous sommes le 31 décembre. Des causes religieuses, des causes politiques, des causes sociales et intellectuelles expliquent la naissance de cette réaction brutale contre les abus qui s’étaient glissés dans la vie de l’Église.
Le notaire conclut avec le jeune homme un marché d’or en lui persuadant qu’il y aurait des poursuites sans nombre à diriger contre les adjudicataires avant de rentrer dans le prix des lots ; il valait mieux vendre à monsieur Grandet, homme solvable, et capable d’ailleurs de payer la terre en argent comptant.